Plusieurs collectifs militant pour la cause noire ont appelé à manifester le dimanche 5 février, devant le 33 rue Blomet (Paris 15). L'objet de leur contestation est double. Ils s'insurgent d'abord du fait que le propriétaire de la salle lui ait donné le nom de « Bal nègre ». Mais ils pointent aussi du doigt le concept régissant ce club. Si le propriétaire parle d'une renaissance du Paris des Années Folles, les militants, eux, voient dans le Bal nègre, une apologie du colonialisme, une instrumentalisation de l'Homme noir afin de divertir l'Homme blanc, ainsi qu'une énième preuve du racisme latent existant en France.

L'affaire fait polémique depuis plusieurs semaines. Mi-mars dans le quinzième arrondissement de Paris, une salle, portant initialement le nom de Bal Nègre devrait ouvrir. Derrière ce lieu, il y a un homme (blanc) Guillaume Cornut. Lors d'un entretien avec Africulture, il est revenu sur l'appellation de sa salle de spectacle et a déclaré : « C'est un nom magnifique, dansant, chantant et coloré. »  Dans la même interview, on apprend aussi que le propriétaire du 33, rue Blomet « ne s'est pas documenté sur ce mot », mais estime « qu'il est plus facilement accepté dans le contexte français. » 
Surréaliste. 

Lien de l'interview: http://africultures.com/prochaine-ouverture-du-bal-negre-a-paris-quel-usage-du-mot-negre-en-france-13955/

L'autre aspect surréaliste de histoire, c'est le fait que la mairie ait validé un projet portant un tel nom. La France serait-elle un pays raciste ? Certes, on ne peut pas jeter l’opprobre sur tout le pays, mais le fait est qu'en France comme ailleurs en Occident, il existe un racisme latent, institutionnalisé voire parfois accepté, sous couvert de référence à un héritage historique. Ainsi à Paris, les afrodescendants se prennent régulièrement en pleine face des résurgences du passé colonial de la France. Que ce soit devant le Palais des Colonies ou encore le Nègre Joyeux. Et Guillaume Cornut de s'insérer dans la boucle, grâce à l'appui de ses amis « musiciens de sang noir. »

#Non au bal des colons

Si l'ouverture d'une salle baptisée le Bal nègre n'a pas choqué la plupart des médias nationaux, qui se sont contentés d'assurer la promotion du lieu, elle a en revanche suscité la colère de personnes racisé.e.s. Le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) s'est saisi de l'affaire. Son président, Louis Georges Tin, a fait de la pédagogie envers Guillaume Cornu, en lui rappelant (apprenant???) que le mot nègre est « chargé de connotations insultantes ». Une leçon utile, puisqu'elle a amenée le gérant de la salle à prendre la décision de changer le nom de l'établissement, en :Le bal de la rue Blomet. Un acte de bonne volonté de la part de Guillaume Cornut, qui n'a cependant pas réussi à mettre un terme à la contestation. Exit les « Antillais de Paris » et les « musiciens de sang noir » évoqués par le propriétaire des lieux, dimanche dernier un rassemblement s'est tenue juste devant le club.

Le collectif Mwasi à propos de ce rassemblement: https://youtu.be/Hu2zvVfte0U

Ce sont les collectifs Mwasi et Ferguson In Paris, qui ont appelé à la mobilisation. Vers 14 heures, la rue Blomet a pris des couleurs. Sur le trottoir juste devant le Bal Nègre, femmes et hommes afrodescendants arborent des pancartes. On  y a vu des slogans chocs : « Nous ne sommes plus vos nègres », « Le n*gre, il t'emmerde », mais aussi des messages invitant la France à mieux regarder en face les rapports qu'elle entretient avec les populations noires. 

Du côté des personnes ayant assistés au rassemblement, toutes expliquent leur présence par une volonté de lutter contre la banalisation du terme nègre, de lutter contre le racisme, et enfin d'exprimer leur désaccord envers cette entreprise, qui aurait pour finalité de glorifier l'époque coloniale. Un fait inacceptable pour nombre d'afrodescendants conscients des souffrances endurés par les leurs à cette période de l'histoire. 

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